LE CHLORDECONE

Publié le par fmds21

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De tout temps, aux Antilles Françaises, et particulièrement en Martinique où je suis né, voici 69 ans, les plantations de bananes, de cannes à sucre, socle de l’économie de notre région ont été aux mains de riches propriétaires terriens, et également, plus récemment, de fonds spéculatifs… Le travail était dur… Et pourtant, le bonheur était présent, la mer et ses richesses, le soleil, les fruits juteux, l’eau pure qui descendait en abondance, cascadant le long des pentes des volcans, le rire des enfants qui pêchaient les ouassous, grosses crevettes d’eau douce dans les rivières où les bassins naturels, l’entretien du jardinet familial, le sourire des voisins, l’entraide faisait couler la vie, calme et douce. Chacun avait sa cabane, ses poules, sa vache à longues cornes, son porc même parfois… Mais… Mais innocents, nous ne savions pas… nous ne savions pas que pour plus de productivité, plus de profits, les bananeraies, les plantations de canne à sucre, les terres fertiles, étaient empoisonnés par l’usage abusif de pesticides, et en particulier du chlordécone… Ce produit, signalé comme dangereux depuis 1972, n’a été interdit sur le sol de la métropole qu’en 1990, …….et en 1993 pour les Antilles. Dans les faits, malgré l’interdiction, des stocks ont été utilisés jusqu’en 2002. C’est en 1998 que la DIREN a donné l’alerte, ses analyses ayant démontré que les cours d’eau étaient très contaminés. Des études complémentaires furent donc lancées en 2005…
Les conclusions sont formelles : Les légumes racines communément consommées par les possesseurs de jardins (dachine, ignane, carotte, patate douces, gingembre…) tous ceux qui touchent le sol (concombre, melon, potiron, certaines variétés basses de bananes, ananas…) contiennent d’importantes quantité de pesticide. On en trouve également dans les poissons d’eau douce, les écrevisses, le lait, les œufs, la viande de poulet…) et même dans les poissons de mer, les langoustes… « Cette substance potentiellement toxique est susceptible de causer des effets neurologiques, hépatotoxiques chez l’homme, et a été classée comme potentiellement cancérigène. Des effets de perturbation endocrine se traduisant par des troubles de la spermatogenèse ont aussi été rapportés. La chlordécone présente toutes les caractéristiques d’un polluant organique persistant : elle est bioaccumulable (elle a été identifiée dans les denrées végétales et animales) et rémanente (elle subsiste encore dans les sols plus de quinze ans après son utilisation). » constate le rapport de 2005. Or, ces atteintes semblent confirmées par les résultats des récents travaux du professeur Dominique Belpomme qui nous parle du taux de cancer de la prostate « en augmentation foudroyante » aux Antilles »… Des études complémentaires sont actuellement en cours (suivi de 1200 femmes enceintes et de 200 bébés jusqu’à 18 mois ; facteurs du risque du cancer de la prostate)….
Fin 2005, les autorités ont  décidé :
-          d’interdire l’exploitation des jardins dans les zones les plus contaminées et de sanctionner par de lourdes amendes les contrevenants.
-          de traiter, à la source les eaux de consommation (filtre à charbon actif…) ce qui a fait considérablement augmenter son prix pour le consommateur.
-          de recourir pour certains produits à l’importation. Le corollaire de cette mesure étant là aussi une augmentation des prix.
Quand on connaît le taux de chômage qui sévit aux Antilles, quand on sait que en Martinique, si les 48 627 foyers fiscaux qui payent des impôts sur le revenu, ont un revenu annuel moyen net imposable de 25 581 euros, les 151 036 qui n’en payent pas, ont un revenu annuel moyen net imposable de 4 476 euros, soit 373 euros par mois, on a vite compris que ces coûts supplémentaires sont insupportables pour les trois quart de la population et en particulier pour ceux qui ne peuvent plus consommer leur production personnelle.
 
Et qui dira nos peurs, nos combats… Et qui parlera de cette angoisse qui nous saisit quand nous regardons nos enfants, nos petits-enfants… De quoi sera fait demain ? « La pollution est multiple, diffuse, énorme » dit le professeur Belpomme et nul ne sait quand ces pesticides présents dans nos terres, nos eaux seront dégradés… Nous ne voulons pas que pour fuir cette terre empoisonnée, pour simplement pouvoir vivre, nos enfants ne nous quittent, partent en France ou s’expatrient…
Pour eux, nous exigeons l’information, la vérité, la réparation, la Justice.
Et surtout, nous n’accepterons plus de lire dans les rapports officiels :
« La situation présente est donc particulièrement délicate à gérer et nécessite un accompagnement soigneux en terme d’information et de communication » (avril 2005) Charlec
 

Publié dans Société

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F
Gilbert tu as tout dit. Alain
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G
Bonjour Alain,<br /> Très bien cet article;<br /> Si j'étais "grossier", je dirais que dans le chlordeconne, ce n'est pas le chlore qui "déconne", car ce produit joue sa et ses propriétés; <br /> Ce sont plutôt nos Gouvernants qui laissent crever la terre et sa population Martiniquaise, en fermant hypocritement les yeux ...pour vendre la banane!<br /> Et puis les deux tableaux joints: l'altération des cours d'eau par les pesticides; et le tableau INSEE sur les revenus locaux des ménages sont criants de vérités qui mériteraient d'autres débats.<br /> Mon amitié de Pertuis en Luberon,<br /> Gilbert.
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