DEMISSION
Madame la premier secrétaire
du Parti Socialiste
Objet démission
Adhérent N° 00422994
Madame,
Par la présente j’ai l’honneur de vous présenter ma démission du Parti Socialiste en tant qu’adhérent et membre titulaire du conseil fédéral 21.
J’ai cru au coup d’Etat permanent une fois élue en 1981 la gauche a accepté et épousé les institutions qu’elle condamnait et qui sont de plus en plus dommageables pour un bon exercice de la démocratie en France. Je l’ai accepté.
J’ai cru au programme commun appliqué en 1981 et applaudi aux avancées sociales qu’il apportait.
Puis il y a eu la rigueur de 1983 et la promesse qu’elle apporterait des lendemains qui chantent ! ! ! J’y ai cru.
Puis il y a eu Maastricht et l’€. J’ai voté pour, tout en étant partagé entre l’utilité d’une monnaie unique malgré les effets pervers et néfastes de l’abandon de souveraineté au profit de la BCE. La promesse du social qui devait automatiquement suivre après, malgré mes doutes, l’a emporté.
J’ai soutenu le gouvernement Jospin pour ses aspects positifs mais peut on en oublier les aspects négatifs, les dénationalisations (France Télécom)…, les traités de Nice, Barcelone, l’ouverture au marché des services publics, les trente cinq heures appliquées d’une façon inégalitaire laissant une grande partie des salariés non concernée. Lorsque la gauche précédemment avait imposé les 40 heures puis les 39 heures la loi était égalitaire et la droite n’a jamais eu la possibilité de les remettre en cause. Elle a beau jeu aujourd’hui de les vider de toute substance, les stocks options, les inégalités qui se sont creusées…, tout cela a pesé lourd en 2002.
Puis il y a eu le TCE. Au congrès de Dijon le PS avait arrêté 7 points importants qui devaient être pris en compte impérativement dans le texte avant que de l’accepter. Il n’en fût rien la direction a renié les engagements du congrès, influencé les militants pour qu’ils acceptent une UE néolibérale, ne laissant aucune place au social. On connaît la suite 55% des électeurs socialistes ont voté, comme les français, contre le TCE. C’est alors que je me suis impliqué à fond dans la campagne pour le non.
Puis il y a eu le congrès du Mans la gauche du parti représentait 47% une synthèse malsaine nous a conduit à la pantomime médiatique du choix de la candidate à la présidentielle. Résultat catastrophique 46,94% pour la gauche il faut remonter à 1965 pour enregistrer un résultat aussi faible au second tour 44,80% pour François Mitterrand. Loin d’en analyser les conséquences elles ont été occultées encore une fois et le cirque médiatique à repris de plus belle tout pour la forme, l’image, rien sur le fond. Le militant doit s’effacer derrière le supporter.
Certains socialistes au lieu de s’opposer ont fait la courte échelle à Sarkozy en votant pour son TME et participé ainsi scandaleusement à un déni de démocratie.
La Rochelle et le congrès de Reims ont poussé au paroxysme cette nouvelle façon d’aborder la politique. En tant que militant sincère je me suis fait traiter de tricheur par des soit disant camarades qui font leurs résultats dans les fédérations à la réputation plus que douteuse, j’en suis profondément meurtri. Comment peut-on devant les médias, parce que l’on a le privilège de pouvoir en bénéficier facilement, bafouer la démocratie ? Pour ces camarades n’est elle plus la moitié des voix plus une ? Où est la démocratie, le respect des militants, lorsque l’on veut contester les résultats en justice ?
Ces camarades n’ont qu’un objectif imposer leur vues, leur finalité étant de transformer le PS en un parti démocrate libéral type US, dans le but d’être le jour venu les supplétifs de Sarkozy pour gérer le néolibéralisme sans le remettre en cause. En fait faire du Sarkozysme de gauche. Dans ces conditions ils ne sont pas socialistes, au minimum sociaux démocrate avec tous les échecs que représente cette ligne politique en UE.
Tant que nous entendrons des responsables socialistes dire j’aurais fait la même chose que Sarkozy, j’admire son énergie, je vote ses réformes…, il n’y a pour moi aucun espoir d’opposition efficace.
Pour moi être socialiste c’est militer, c’est ne pas accepter l’ordre des choses dire il n’y a plus rien à faire les libéraux ont gagné devenons tous libéraux.
Eh bien non je ne milite pas pour cela je ne l’accepte pas, ne me résigne pas. La situation sociale devient insupportable et nous proposons d’accompagner un système économique scandaleux.
Nous avons enfanté d’une génération élevée au biberon de la société de consommation. Elle suppose que seul l’individualisme lui permettra de tirer son épingle du jeu d’où son inadmissible passivité.
Par contre chez leur enfants je sens monter un renouveau de rébellion de remise en cause de ces inégalités, de cet appauvrissement des salariés, dans l’état actuel des choses le parti est incapable de s’opposer, de proposer une autre forme de société, un autre système économique face au néolibéralisme et de rétablir une juste répartition des richesses. Cette jeunesse nous reprochera d’avoir abandonné tous les acquis sociaux que le peuple combatif et debout avait obtenus depuis 1945. Ils nous haïrons. Je ne veux pas que mes petits enfants puissent un jour me reprocher d’avoir cautionné et collaboré à une telle parodie de socialisme c’est pour ces raisons que je ne serai plus militant. Je vous souhaite de réussir dans le mandat qui vous a été confié et que j’ai défendu et vous assure Madame de ma sincère camaraderie.
Alain PIEGAY